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COMPTE-RENDU DE LA BALADE " LA PLAINE DE L'ABBAYE : UN PAYSAGE NÉ DE L'EAU "Dimanche 7 novembre 2021



Malgré … le mistral et la fraîcheur de la température à 10 heures ce matin, un groupe d’une dizaine de personnes est présent au pied de la Tour Philippe le Bel.

La première étape nous permet de lever les yeux sur le rocher de Saluces, avec une évocation des heures médiévales glorieuses où papes, anti-papes, cardinaux, rois de France gravitaient en ce lieu. Emplacement stratégique où aboutissait le fameux Pont St Bénézet.

On comprend mieux l’architecture mutilée de cette tour, on imagine la splendeur de l’immense palais disparu, démembré, envolé dans la fumée des fours à chaux établis en bordure de la Plaine de l’Abbaye. Sic transit gloria mundi !...Des croquis anciens aident notre travail d’imagination.

Les activités humaines au pied du fameux rocher sont nombreuses : dans le petit quartier du Vieux Moulin, la navigation est active (pêche, bateaux-moulins pour les céréales qui sont ensuite stockées dans le « vieux moulin »). L’extraction du gravier, les carrières à l’emplacement de l’actuel jardin Georges Pompidou, les tuileries et fours à chaux jouent un rôle important dans la vie économique de la petite cité.

Un bac à traille permet -non sans péril- de traverser le fleuve. Le pont St Bénézet est souvent mis à mal par les caprices dévastateurs du Rhône.

Côté loisir, le « port » de Villeneuve est une sorte de grève sablonneuse où il fait bon se baigner. Et non loin de la station de pompage, une vieille maison appelée « Le printemps » a servi de dancing clandestin pendant la guerre de 39/45. La station de pompage ravitaille actuellement en eau Villeneuve, mais aussi Les Angles.

Dans cette direction, nous longeons les vestiges de la plus ancienne digue, dont la construction débute en 1752 à l’initiative des moines de l’Abbaye St André, et après une terrible crue du Rhône.

L’entretien des chemins de halage, les activités de mariniers occupent une grande partie de la population. De grands bateaux à fond plat assurent les transports de matériaux lourds ( « savoyes »). Les embarcations de patrons mariniers ( « caraques ») ont un profil particulier avec leur imposant gouvernail ; elles portent des croix de mariniers, témoignages de foi, mais aussi des craintes liées aux nombreux dangers encourus sur le fleuve.

Hommes et chevaux travaillent durement pour remonter le Rhône : 2 à 3 mois, et environ 15 jours pour redescendre.

La crue historique de 1752 aura de lourdes conséquences : apparition de vastes mares qualifiées de « putrides », puis une épidémie de paludisme. En 1776, alors que le profil de la plaine se dessine, on dénombrera environ 140 morts. Tous les moines du couvent des Récollets chargés de les ensevelir, périront également. Les cultures sont abandonnées.

La conséquence de cet événement sera très importante : ce sera la 1ère étude scientifique sur les causes d’une épidémie déclenchée par la Société Royale de Médecine (règne de Louis XV). Les médecins mandatés feront combler les mares, nettoyer les rues de la ville, et distribuer de la viande, et de la quinine à la population. L’épidémie prendra fin aussitôt.

Au XIX° siècle, la totalité de la plaine sera cultivée, souvent par de petits propriétaires (vigne, cultures vivrières, vergers, etc…)

Les travaux entrepris dans les années 70 par la CNR, et la création d’un contre-canal entraîneront la disparition d’une belle bâtisse, la ferme Gras, et une profonde modification du paysage.

Notre retour s’achèvera en longeant les jardins partagés, « les poneys de Delphine », et avec une dernière anecdote historique. Le chemin de l’Avion permet d’évoquer l’appareil anglais abattu en août 1944 par l’armée allemande. 2 soldats seront sauvés par les Villeneuvois, et remis à la Résistance.

Un grand merci à David Lenoir pour le partage de ses immenses connaissances !

Annie Almuneau

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