Petit résumé de la matinée
Le dimanche 2 octobre à 9h, dix-huit personnes se sont réunis autour de Bruno Grenier et Guillemette de Grissac. Bruno, membre du COGard (Centre Ornithologique du Gard), anime gracieusement des sorties ornithologiques depuis plus de dix ans pour Vivre la Plaine de l'Abbaye. Le succès grandissant de ces sorties montre qu'un public toujours plus large a envie de découvrir les oiseaux. Et comme le bouche à oreille fonctionne bien, nous pouvons sans aucun doute attribuer également cet intérêt à la qualité de la prestation.
Depuis qu'elle est adhérente à Vivre la Plaine de l'Abbaye, Guillemette de Grissac, spécialiste de poésie et de littérature contemporaine, nous offre régulièrement des ateliers d'écriture. Créatrice de liens, elle en a même organisé en ligne pendant la pandémie. Passionnée d'ornithologie depuis très longtemps, elle est intervenue auprès de Bruno en tant qu’amateure, « regardeuse » d’oiseaux.
En cette belle matinée d'automne, nous avons surtout entendu les oiseaux. Il faut dire que, contrairement au printemps, les arbres à feuilles caduques ont toujours leurs feuilles, ce qui rend l'observation des oiseaux plus difficile.
Les oiseaux qui sont les plus visibles dans la Plaine de l'Abbaye et dans nos jardins en général sont les corvidés (pies bavardes, corneilles noires, choucas des tours), les colombiformes (pigeons ramiers ou palombes, pigeons domestiques et tourterelles turques), les merles noirs, et bien sûr les étourneaux sansonnets dont les effectifs sont les plus importants de tous les oiseaux. Ce sont des oiseaux généralistes qui s'adaptent à l’homme et aux changements environnementaux. Les étourneaux migrateurs arrivent en cette saison. Leur langage est très varié, mélange de chants et de cris.
ENTENDUS :
Beaucoup de rougegorges car ils se remettent à chanter en septembre. Et surtout, les hivernaux arrivent en cette saison, ce qui fait grimper leur nombre en flèche. Ils fréquentent en hiver tous les milieux, excepté dans les champs. Leur chant est mélodieux et mélancolique, en accords mineurs.
Des gobemouches gris ou noirs. C'est un oiseau migrateur qui fait une halte prolongée dans nos contrées en automne. Ils gobent des moucherons en vol, d'où son nom.
Un rougequeue à front blanc en halte migratoire, tardif à cette date.
Des bruants zizis : chant très caractéristique constitué d’une répétition accélérée, on appelle cela un trille. C'est le seul oiseau des champs qui n'est pas en régression. Il vit dans la Plaine, mais ses effectifs sont sans doute renforcés par des migrateurs
Des fauvettes à tête noire remarquées en automne que par leur cri sec : un « tec » dur et net entendu dans les buissons. Au printemps, l’exercice est de distinguer son chant de celui du rougegorge : Il est aussi mélodieux mais il est en revanche rapide et dynamique (on dirait qu’elle chante en majeur ?). C'est un migrateur partiel. Elle mange des fruits (frugivore), comme les baies bleutées du lierre en hiver.
La bouscarle de Cetti. C'est une fauvette inféodée à l'eau, elle vit donc dans les ripisylves. On ne la voit jamais ou presque, seul son chant la fait remarquer au printemps mais aussi à l’automne. Il est sonore et strident
Le choucas des tours. A l’automne, ils se rassemblent en groupes importants et passent leur nuit dans des dortoirs. Il a un vol plus rapide que celui de la corneille.
Le pivert, par son cri, se rit toujours de nous ! Il chante au printemps et peut être vu au sol car il se nourrit de fourmis.
Le grimpereau des jardins : il grimpe !
La mésange charbonnière et la mésange bleue
La fauvette mélanocéphale, typiquement méditerranéenne. Très sédentaire, on la trouve dans les garrigues, les jardins,
VUS :
Un geai au sommet d'un chêne qui mangeait des glands. C'est un oiseau (corvidé) très proche de la pie, qui ne s'entend pas très bien avec elle mais comme elle, son vol est laborieux. Par contraste, le pigeon ramier a un vol plus direct.
Un héron cendré (échassier), qui prenait les courants ascendants. Ils nichent au nord de la Plaine, vers la Cèze.
Un goéland leucophée. Il y en a toujours quelques-uns dans la Plaine, du côté du contre-canal.
Un faucon crécerelle (sédentaire). Il doit y avoir tout au plus deux couples dans la Plaine.
La buse et l'épervier d'Europe sont les rapaces les plus communs après le rapace précédent.
Une hirondelle rustique en migration.
Quelques fringilles bien discrets ce matin : chardonneret, verdier et serin cini
L'APRÈS-MIDI, CAUSERIE ANIMÉE PAR
GUILLEMETTE DE GRISSAC ET BRUNO GRENIER
Quoi de plus approprié pour une causerie sur les oiseaux que cette salle de conférence en plein air installée au cœur des magnifiques Jardins Partagés (refuge LPO) !
Pourquoi s'intéresser aux oiseaux ?
Pour nos deux animateurs, cela va de soi car ils s'intéressent au monde dans lequel ils vivent, et les oiseaux font partie de ce monde. Nous les côtoyons tous les jours. Il est donc impératif de mieux les connaître pour pouvoir les préserver. Et aujourd'hui, en raison du changement climatique et de l'activité humaine, il est nécessaire de prendre des mesures pour préserver leurs besoins, leurs habitats et leurs modes de vie.
Les oiseaux sont également source de beauté, esthétique par leurs couleurs et leur ligne, et musicale, par leurs chants. Imaginons juste une seconde un monde sans oiseaux……
Mais s'intéresser aux oiseaux nous permet aussi de poser un regard plus critique sur nous-mêmes. Si nous portons notre attention à ces animaux avec lesquels nous partageons notre planète, cela nous oblige à nous décentrer, à abandonner pour un temps notre point de vue autocentré. Si ce processus demande un effort, il est par ailleurs source de joie et de satisfaction car il nous apprend à faire preuve d'ouverture et de tolérance envers le vivant dans son ensemble. Nous vivons ainsi davantage en harmonie avec notre environnement quotidien, et prenons conscience de nos attitudes de prédateur. Et bien sûr, il nous sensibilise aux menaces qui pèsent sur la biodiversité.
Guillemette ajoute qu'il est aussi intéressant de nommer. Si nous voyons un insecte et que nous le nommons - une libellule par exemple -, nous le qualifions et lui accordons une existence propre.
Où sont les oiseaux ?
Titre à dessein ambigu.
Le public s'exprime. Certains pensent aux oiseaux migrateurs, aux déplacements saisonniers, d'autres à la mort des oiseaux liée à l'intervention humaine et à la destruction de leurs habitats.
Parlons d’abord du mouvement des oiseaux.
Il y a d’abord ceux qui migrent. En voici quelques exemples concrets choisis parmi ceux qui fréquentent la Plaine de l’Abbaye.
Un visiteur d’été, le rossignol philomèle ne vient dans notre région que l'été, bien connu par son chant, il est difficile de le voir. Il ressemble à un gros rougegorge sans sa poitrine orange.
Un migrateur qui ne fait que passer dans les deux sens : le gobemouche noir, discret au passage de printemps, il s’attarde au passage d’automne de mi-août à mi-octobre.
Un hivernant, qui passe l'hiver chez nous : le tarin des aulnes
Un migrateur partiel : le rougegorge dont les effectif nicheurs et sédentaires assez limités chez nous sont renforcés en hiver de migrateur venant d’Europe du nord et de l’est,
Les oiseaux migrateurs ont une mémoire des lieux. Ils peuvent retrouver leur nid après avoir parcouru 5000 km. Ils possèdent une horloge magnétique, ils s'orientent aussi selon les étoiles et le soleil.
Puis il y a beaucoup d’oiseaux sédentaires qui ont des mouvements locaux dictés par la ressource alimentaire, par exemple :
La fauvette à tête noire, bien visible au printemps, elle semble disparaître en été et en automne. En fait elle est toujours bien là, mais avec la fin des nidifications et après la mue début août, elle forme de petites troupes très mobiles, discrètes et furtives qui volent rapidement d’arbres fruitiers en arbres fruitiers. Il faut alors être très attentif pour les reconnaître.
Le chardonneret, lui, niche dans nos zones urbanisées et soudain semblent en disparaître en août. En fait, il change d’habitat et forme des troupes parfois importantes dans les vignes et les champs et passe ainsi tout l’automne et l’hiver
Parlons maintenant des dangers qui guettent les oiseaux
Le changement climatique : cela a plusieurs conséquences :
- décalage des distributions vers le nord, par exemple chez nous des oiseaux autrefois nicheurs, ne le sont plus : le troglodyte, la sittelle, le pouillot véloce, la grive musicienne ;
- une réduction des ressources alimentaires du fait de la chaleur et de la sécheresse en été, exemple du corbeau freux ayant subi la disparition brutale des hannetons sur l’aérodrome de Pujaut, lors de la canicule de fin juin 2008 ;
- des difficultés de reproduction, par exemple le martinet noir dont les jeunes sont victimes de la chaleur dans leur nid sous les toits ;
- mais aussi des espèces qui profitent du réchauffement, comme la fauvette mélanocéphale, oiseaux typiquement méditerranéen.
La chasse. La plupart des passereaux sont protégés. Mais certains en voie de disparition ne le sont pas comme la tourterelle des bois, qui subit une chasse incompréhensible.
La pollution de l'eau et de l'air, qui est le fait chez nous du Rhône, totalement pollué au pyralène. Le résultat est une absence généralisée d’oiseaux fréquentant les bords de cours d’eau.
Les pratiques agricoles intensives avec leur cortège de produits phytosanitaires responsable de la réduction extrêmement importante (80%) des insectes des champs. Cela entraîne la réduction très forte des oiseaux des champs comme par exemple le tarier pâtre, autrefois très commun.
La sur-fréquentation humaine, source de dérangement des nidifications, comme par exemple ce printemps le dérangement par un drone de la nidification du seul couple local de grands corbeaux sur la falaise de Pujaut.
Des villes plus propres : moins de miettes pour les moineaux domestiques dans les centres-villes !
La disparition des décharges : moins de nourriture pour certains comme le goéland leucophée ou le milan noir, mais faut-il s’en plaindre car il s’agit d’oiseaux qui se portent bien.
La rénovation des bâtiments qui ferment les trous ou détruisent des nids comme ceux des hirondelles de fenêtres (colonie précaire à Villeneuve de 60 nids)
Les changements d’habitat : disparition des landes herbacées.
Puis enfin parlons des oiseaux qui profitent de l’action de l’homme pour se multiplier
Quelques exemples comme l’étourneau sansonnet, la tourterelle turque ou le pinson des arbres.
Réponses aux questions du public
Les oiseaux constituent une classe comme les mammifères, un type d'oiseaux, par exemple les passereaux constituent un ordre, comme les primates pour nous.
C'est bien de nourrir les oiseaux de début décembre à mi-mars pour les aider à passer l'hiver. C'est bien de mettre à leur disposition de l'eau, en été comme en hiver. Attention de nettoyer régulièrement les écuelles, sinon, il peut y avoir prolifération de maladies.
Une fois les couples formés, la plupart des oiseaux sont en général fidèles, jusqu'à trente ans pour certains corbeaux et rapaces. Les deux parents s'occupent des petits, mais c'est la mère qui est en première ligne. La mortalité est terrible la première année (80% pour les jeunes mésanges). Un passereau peut vivre quatre ou cinq ans, un corvidé, un rapace entre dix et trente ans.
Les oiseaux nocturnes :
Chouette hulotte ou chat-huant. On la trouve dans la Plaine
Hibou grand duc. On le trouve dans les falaises de Pujaut et de Four
Hibou petit duc, présent à Pujaut
Hibou moyen duc, très rare
Chouette effraie, très rare
Chouette chevêche : quelques-unes dans la plaine de Pujaut.
Hormis la hulotte qui vit dans les bois, tous les rapaces nocturnes sont en diminution du fait des pratiques agricoles.
Toutes les approches sont bonnes pour s'intéresser aux oiseaux. On peut entrer par la porte de l'art (peintures de la Renaissance), de la musique (Olivier Messiaen avec son opéra Saint François d’Assise, de la photo animalière, de la lecture (par exemple « le Chardonneret » roman de Donna Tartt, en 2014) On veillera à intéresser et impliquer les enfants, sans les forcer, comme cette petite fille de quatre ans amenée par sa maman à la sortie. Il y a désormais de nombreuses manifestations ludiques destinées aux enfants.
Un grand merci à Guillemette de Grissac et Bruno Grenier, pour leurs prestations de dimanche et pour la relecture de ce compte-rendu.
Merci aux adhérents des Jardins Partagés qui nous ont ouvert leur porte, plus particulièrement à Raymond Casagrande pour la logistique pique-nique et conférence, et pour l'exposition des posters d'oiseaux.
SUPPLIQUE AUX MOINEAUX
Les pierrots
Elle les appelait comme ça grand-mère
avec une tendresse dans la voix comme pour Pti quinquin
des pierrots qui dansent, moi je voyais
mais les pierrots c’est blanc
Des piafs
piaf c’est pas grand-chose un tout pti mot pour dire
pour les faire fuir un tout pti geste
pfffffffffff
mais y a eu la môme Piaf
p’tite bonne femme grande dame
Ce qui prouve bien que c’est pas rien un moineau
Un môme non plus, tiens Gavroche le moineau becquetant les chasseurs juste avant pfffffff la balle qui l’arrête en plein vol
Gris marron, robe de bure, un pti moine, moinillon, y en a tellement qu’on les voit plus
Et puis voilà qu’on les voit plus parce qu’il n’y en a plus.
Ca alors.
Ou plus beaucoup ou plus assez il en manque trois sur quatre à Paris et pareil chez vous oh
Restez avec nous les moineaux
On vous regarde maintenant Revenez On vous trouve beaux
on vous photographie
qu’est-ce que vous voulez de plussssss
On vous bague on vous pèse on vous compte
on vous parle en latin passer domesticus
on admire votre œil dans son écrin marron
le calot gris le noir de la bavette
votre bec solide de mange-tout
on sait que vous êtes grégaires sautillant pas marcheurs
aimant notre compagnie Faites partie de la maison
On écoute ravis vos tchip tchip on aime jusqu’à vos fientes
vos têtes de piafs Pas partir moineaux pas disparaitre pierrots
On refera des trous aux murs on remettra broussailles et buissons
On chassera les chasseurs on châtrera nos chats
finis la glu les pièges banni le glyphosate
On va être archibio
Mourez pas On vous donnera du seneçon du millet du mouron
Nous faites pas le coup du printemps silencieux
Promis ?
c’est qu’on est morts de trouille
Pierrots Piafs Moineaux
quand on se dit
Après vous à qui le tour ?
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